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Synthèse existentielle 2024 - II

Dernière mise à jour : 16 déc. 2024


Il y a 9 ans, ma vie entamait un tournant magistral. La période que je traverse actuellement – un autre virage existentiel- m’offre à ce jour une perspective nouvelle sur tout le parcours intérieur effectué ces dernières années.


Posée depuis quelques jours dans la maison de St Martin, je vois se dessiner une nouvelle lecture des évènements de mon passé.

Avant ce tournant d’il y a 9 ans, j’étais profondément en quête de sens. Et je cherchais ce sens dans les livres, dans ma tête, avec raison et logique. J’observais attentivement la société et me sentais, quoique différente de bien des personnes, toutefois reliée à cette société. Je me sentais dans ce monde, connectée aux infos, aux médias, aux évènements sociaux mondiaux qui me parvenaient . Très engagée dans ma preception du chaos et des incohérences de ce monde, révoltée par la violence quotidienne des structures mêmes de ce monde ( pauvreté de tant de gens, traitement inhumain des animaux, pression sociale uniformisante, etc), je cherchais des solutions, des explications avec ardeur, avec ma tête.

Jusqu’à épuisement, en consommant toujours plus de tabac et en passant mes soirées avec du bon vin . J’ignorais que nous disposions d’un monde intérieur qui pouvait être plus vaste que notre seule logique. Cette lunette intellectuelle à travers laquelle je dirigeais – ou croyais diriger- l’entièreté de mon existence. Je la croyais capable d'embrasser l'immensité du cosmos, alors qu'elle n'était qu'une minuscule lentille qui ne laissait passer qu'un soupçon de la réalité.

Autour de moi, tout le monde que je voyais semblait faire de même. Ne voir qu’à travers la lorgnette de notre mental « haut », le raisonnement logique. "Haut", car haut perché et déconnecté du corps et de ses perceptions.


Même si depuis mon plus jeune âge j’avais toujours été attirée par le fantastique, avais toujours eu la conviction profonde et intime que nous n’étions pas seul dans l’univers, même si depuis toute petite je m’adressais quotidiennement à une présence invisible que je prenais pour acquise et n’avais même pas conscientisé, je prenais toutefois l’ésotérisme pour une déviance irrationnelle et farfelue, comme un passe temps dont certains auraient besoin pour combler les mystères de notre monde. Je n’y prêtais aucune importance. Cela pouvait tout au plus permettre de bons scénarios pour des romans et des films.

Rien de ce qui me constituait alors n’aurait pu me faire changer d’avis sur la question. L’esprit, la raison, était notre seul et plus puissant outil pour appréhender le réel.


Aujourd’hui je le vois. Je rencontre des personnes qui sont extrêmement révoltées par notre système, et qui, comme moi alors, cherchent des appuis dans le monde, dans notre société ( que ce soit des associations ecolo, des partis politiques, des choix de vie plus respectueux de l’environnement, etc), qui cherchent des personnes dont les idées font échos pour inspirer ou bricoler des stratagèmes.

Je me reconnais tellement en cela. Et je ressens énormément de compassion envers cet engagement et cette préoccupation du sort de l'humanité et de la planète.

Et puis ces 9 dernières années sont passées. Et ont tout changé. Tellement tout changé que je ne peux plus rien dire à ces personnes. Je les comprends, mais je ne peux plus entrer dans un débat ou abonder dans leur sentiment de révolte et d’engagement social. Car pour moi désormais, tout ce changement auquel nous aspirons collectivement - pour une grande partie des gens en tout cas- commence par un travail intérieur de conscientisation de ses blessures et de ses croyances. C'est mon point de vue bien sur, qui n'enlève rien à la beauté des actions engagées menées au sein de la société. Mais le changement qui doit s'opérer nécessite une telle déconstruction des structures de base, que je ne vois pas comment des ajustements "superficiels" pourraient mener à cela.


Je vois où se trouvent ces personnes, pourrais-je dire, et où je me trouve désormais, et je ne vois pas de pont possible qui puisse permettre que nous nous comprenions mutuellement. Je ne vois pas comment un simple récit de mes aventures intérieures par exemple, pourrait mener un lecteur à expérimenter les dimensions non intellectuelles auxquelles je fais référence.


Pourtant, je sais quel virage j’ai personnellement opéré. Un virage venu de lui-même, que je n’ai pas cherché volontairement, mais qui est venu du tréfond de l’univers comme une réponse au cri silencieux de mon âme. Un virage qui m’a demandé un courage extrême. Celui de renoncer à l’esprit. De renoncer à la raison, de renoncer à ce monde. De renoncer à leur prédominance dans l'appréhension du réel, tout du moins.


Cela s'est fait petit à petit. Pas à pas. Mais il y a eu un premier pas (cf. Synthèse existentielle III). Et ce premier pas a été d’accepter de « rencontrer » les plantes enthéogènes. D’entrer dans un monde dont jamais je n’avais vu la porte, et quand la porte s’est présentée, j’ai d’abord tourné les talons sans hésiter une seconde. Il était hors de question d’altérer mon esprit. De le « diminuer » pensais-je, en prenant une drogue qui allait foutre le bazar dans cette immense complexité que je m’efforçais tant d’ordonner.

Avec une intelligence à couper le souffle, le monde qui s’est ouvert à moi très, très, très lentement avec les Plantes, a ouvert un chemin vertigineux sur lequel j’ai commencé à faire quelques pas très précautionneusement. J’ai pu faire l’expérience de découvrir que les « choses » s’ordonnaient d’elles même en moi,  en fonction de mon intention qui, bien qu’évoluant au fil du temps,  a toujours été profonde, sincère, intègre.


Un chemin intérieur dont personne ne pouvait être le témoin. Un chemin qui se dessinait et sortait clairement du monde dans lequel je croyais vivre. Un chemin qu’ à chaque pas proposé, j’avais le choix de poursuivre ou revenir en arrière. Dans les moments d’hésitation, je sentais que la peur venait de ma tête ( peur de m’éloigner de plus en plus de mes semblables) , et que l’envie de poursuivre venait d’une nécessité intérieure que je ne pouvais pas ignorer. Cette même nécessité qui m’avait depuis ma naissance, poussée à tant chercher de sens dans ce monde.

Si je me sentais m’éloigner de mon ancien monde, je découvrais en parallèle, une consistance tout à fait inimaginable dans la présence et l’intelligence invisible qui commençait à dialoguer avec mon âme. La puissance heuristique de l'expérience directe. Cela, je ne pouvais y renoncer. C’aurait été comme se priver du nectar le plus sublime, désaltérant et nourrissant, qu’on puisse jamais sentir.


J’ai commencé par rencontrer mon âme, au cours d’une des premières cérémonies avec la Plante. Dans un endroit sombre, infiniment éloigné de moi, et pourtant familier, comme si je n’y étais pas venue depuis des siècles, j’ai découvert au fond d’un cachot une espèce de cendrillon tout endormie, ébourriffée, abandonnée, groggy. C’était moi, je me suis reconnue. Je me suis retrouvée, avec une émotion comme on en vit jamais dans une vie. Une rencontre tellement inattendue, et tellement forte.

Il a fallu bien une année pour que cette part de moi se réintègre en réajustant organiquement l’ensemble de tout mon être. Ce réajustement s’est fait tout seul, sans que je le décide ou suive un protocole. La seule chose que je savais très clairement devoir faire, était de laisser faire avec confiance, en suivant la sensation de sécurité que je percevais clairement en moi.

Bien sur, des peurs énormes se présentaient, mais lorsque je les regarais, je pouvais constater qu’en les suivant, je retournerais dans un monde sec, pauvre, douloureux, tourmenté et plein d’impuissance.

Alors je poursuivais, en étroite collaboration avec la guidance intérieure qui – Dieu merci- était claire 😊

La clarté est le symptôme de la vérité. C’est le langage du divin, du vivant. C’est l’essence de l’ordre harmonieux universel qui sous-tend tout le détail du réel, ses formes et manifestations.

Ce tissu fondamental du réel existe indépendamment de nous, et ordonne les choses naturellement. Organiquement. D’où cette idée fréquemment émise qui nous dit de « laisser faire ».  Mais le vrai laisser faire tel que je l’ai compris, repose sur une sensation concrète de l’existence de ce tissu fondamental. Une compréhension, une vision, une confiance dans ce tissu. Une expérience sensorielle de la réalité de ce tissu fondamental. Et c’est cette expérience là que la Plante m’a invitée à faire dès le début de mon entrée dans le monde « spirituel », intérieur. En réintégrant mon âme dans mon corps. En la réveillant. Et en laissant cette incorporation rayonner ses effets sur tout mon être.

Plus tard, en voyageant dans ces mondes spirituels, je constatais que ce chemin qui m’avait paru tellement éloigné de moi au début, s’était considérablement rapproché. C’est ainsi que je conscientisais que l’intégration était bien réelle, et effective. J’incorporais progressivement toujours plus de moi. Par pallier. Concrètement, ma personnalité changeait. Je démontrais toujours plus de courage, de détermination, de confiance, d’aisance, de compréhensions, de clarté. J’opérais des changements de vie à tous les niveaux. Relationnel, géographique, alimentaire, parental…

Ma souffrance intérieure, qui avait tant fait partie de moi que je ne la sentais pas, avait grandement disparue.

Puis, armée de ces puissants éléments intérieurs, et poursuivant toujours mon chemin avec les plantes en répondant à la guidance intérieure, « nous » avons commencé le travail de guérison des parts humaines les plus abîmées. Travail que je n’aurai jamais pu faire sans ce nouveau  bagage de lumière. « Nous », c’est ma petite personne, ma lumière intérieure, et son prolongement dans l’intelligence organique universelle dans laquelle je me sentais très concrètement baigner. Cette sensation de reliance extrêmement tangible est bien sur, impossible à décrire et à partager. Mais c’est le cadeau le plus précieux qu’on puisse avoir dans une vie, me semble t il.

Même si cela me coupe de la compréhension de la plupart de mes semblables, la solitude est un faible prix à payer, et la petite voix intérieure me dit qu’elle ne va pas durer. Que je dois poursuivre. Et puis, je vous le dis, je ne suis pas seule sur ce chemin, bien heureusement. J'ai rencontré de très belles âmes qui, si elles ne sont pas proches de moi au quotidien, m'accompagnent toutefois dans le coeur.


Ces quelques éléments témoignent des 5 premières années depuis ma rencontre avec les plantes enthéogènes. Sur les 4 suivantes, le parcours effectué a beaucoup tourné autour des blessures, de la transformation, de l’intégration, de l’initiation. C’est-à-dire ramener dans le corps, ramener dans la matière, rayonner, jusqu’au plus profond, et toujours plus reculé des espaces encore sombres et douloureux en moi. Coloniser les cavités, les recoins où la lumière ne passe pas. En moi. Et à travers moi, sentir que cela participe à un immense travail collectif dont je peux me réjouir de faire partie.


Peu à peu, je me sens habilitée à pouvoir laisser mon être agir . Je me sens capable de m’autoriser à laisser ma lumière et la lumière rayonner. Sans vouloir quoi que ce soit, mais en ne bloquant pas le passage que cette intelligence cherche à se faire à travers moi, comme à travers tout un chacun. Nous sommes tous faits pour laisser passer la lumière, et même, qu’on en soit conscient ou pas, la lumière passe toujours. C’est ce dont je me suis rendue compte peu à peu. Je vois les cœurs humains œuvrer malgré les blocages et les résistances individuelles, et les rouages obstruant du système. Un peu de conscience la dessus, voilà ce qui pourrait faciliter et amplifier le rayonnement collectif.

Ma compréhension  de l’ombre s’affute toujours plus, ma lecture des stratégies organiques du vivant se clarifie et prend une place grandissante dans mon parcours. Si bien que je sens que ma « mission » a un lien fort avec cela. La stratégie organique intérieure du vivant pour désobstruer le passage naturel de la lumière au niveau individuel… La réhabilitation organique des structures originelles de l'être humain...


A travers les Diètes de Forêt, qui sont au service de cette stratégie organique, je développe mon acuité. A travers mon parcours personnel intérieur toujours tellement exigeant, je reçois des compréhensions toujours plus profondes. Je reçois des guidances et opère des réajustements tant fréquentiels ( énorme sensation de sécurité intérieure et de confiance) que dans la matière ( quitter ma maison sans avoir de destination !).

Si la "moi" d’aujourd’hui avait un message à laisser à la "moi" du passé, je sais que ca ne servirait à rien de me dire d’aller voir les plantes enthéogènes. Je me dirais de faire confiance. Confiance en moi, en ce qui m’anime au plus profond de mon être. De prendre soin de l’honneteté de mon intention, car c’est elle qui informe l’univers de ce dont j’ai besoin et qui lui permet de tout agencer pour dessiner mon chemin. Je me dirais de ne pas avoir peur de ce que je crois voir autour de moi, même si je me sens perdue, petite, inutile, et que je crains de nuire à ma santé avec des habitudes néfastes. Je me dirais que tout va se mettre en place, avec patience et persévérance. Que rien n’est déterminé et que tout est possible, surtout le meilleur, à condition de veiller soigneusement comme sur une petite bougie dans la tourmente, sur le désir de vérité qui m’anime au plus profond de mon être. Je me dirais ce message et je me le dis chaque jour encore.

Et c’est à peu près là que j’en suis.

Alors poursuivons. Nous n’avons rien à perdre. Il n’y a rien à perdre, et tout à retrouver.

 



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